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LE TOUCHER MUSICAL

mouvement artistique est basée sur la conscience de la transformation inhérente à ce mouvement, comme la conscience de la forme, des dimensions et du poids de ce mouvement artistique est basée sur la conscience de la transformation de cette forme, de ces dimensions, de ce poids.

Comme nous l’avons dit, un mouvement que nous cherchons à rendre uniforme n’est pas cérébralisable, nous ne le pensons que par intermittences, nous faisons comme des pas distincts en nous le représentant. La pensée ne circule librement dans un mouvement que lorsque la vitesse de ce mouvement est en constante transformation et, en somme, toutes les transformations inhérentes aux propriétés des mouvements artistiques pourraient se ramener à une transformation unique : celle de la vitesse, car cette transformation, c’est le rythme, c’est la pensée.

C’est seulement par leur cérébralisation que les mouvements s’identifient avec les lois esthétiques de l’art musical ; leurs rythmes se maintiennent, comme ceux de la musique, en état de transformation constante, qu’il s’agisse des mouvements les plus minimes, presque inaperçus, ou des mouvements les plus étendus.

En somme, l’artiste voit l’art à travers les principes esthétiques du rythme, parce que ces principes forment les éléments vitaux de sa propre pensée, et par conséquent de l’activité fonctionnelle affinée, coordonnée de son propre organisme.

Toute la polyphonie des sensations produites par l’exécution d’une œuvre d’art doit pouvoir concorder