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LE TOUCHER MUSICAL

différente, un phénomène analogue de différenciation du poids transmis aux touches peut être obtenu si l’on se représente le relèvement d’un doigt corrélativement au mouvement d’abaissement d’un autre doigt : les mouvements étant dans ce cas tous deux réellement exécutés mais volontairement dissociés par rapport aux fonctions motrices et mentales.

On arrive à distinguer entre ces deux genres de mouvements, selon qu’ils sont directement ou indirectement influencés par la pensée, deux sensations de poids différenciées ; dans l’exécution de successions de notes, l’une des deux peut à volonté être identifiée avec le temps fort, l’autre avec le temps faible.

Du reste ces genres de rapports ne doivent pas forcément se succéder par groupes de deux mouvements ; plusieurs mouvements successifs peuvent, par séries alternantes, former en quelque sorte à tour de rôle, pour l’activité fonctionnelle ou pour l’activité mentale, des groupes négatifs et des groupes positifs. C’est-à-dire que l’acte qui est positif par rapport à l’activité fonctionnelle est négatif par rapport à l’activité mentale, car l’acte qui constitue l’effort maximum pour la pensée constitue l’effort minimum pour les fonctions manuelles et inversement.

Action exercée sur la sonorité par le caractère du relèvement de la touche.

Si le relèvement de la touche se faisait avec la même vitesse que l’abaissement, chaque son disparaîtrait approximativement avec la même vitesse que celle avec laquelle il a été émis ; dans ce cas, à moins