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L’ÉDUCATION DE LA PENSÉE ET LE MOUVEMENT

plique à fixer l’instant dans lequel on retrouve cet échange continuel d’images vues dans sa pensée.

Et ce sont ces images différentes qui ont existé dans le cerveau de l’artiste qui, inconsciemment, réapparaissent dans la pensée de celui qui regarde son œuvre ; elles produisent chez lui l’idée de la vie, du mouvement, de l’expression vivante des formes à travers l’image inerte fixée par l’artiste.

Le problème que l’architecte doit résoudre par rapport à la pesanteur et la résistance à la pesanteur, le peintre et le sculpteur doivent le résoudre par rapport à l’inertie et au mouvement. La pierre et la toile sont inertes, mais ils doivent vaincre cette inertie par la sensation de mouvements évoqués dans cette pierre et sur cette toile, comme l’architecte doit vaincre la pesanteur par la résistance à la pesanteur. Ils fournissent ainsi les uns et les autres l’emblème d’une force vivante inhérente à la matière.

L’effort mental dans l’interprétation musicale.

Dans l’éducation musicale, avons-nous dit, les mouvements, même les plus élémentaires, s’identifient matériellement avec les organes par lesquels ils sont exécutés, tandis que leurs propriétés s’identifient avec l’activité cérébrale qui en commande et en règle l’exécution.

Un fait important se présente tout aussitôt à l’esprit. Comme j’ai pu m’en rendre compte, tous les mouvements ne sont pas également cérébralisables. Il en existe un dont on pourrait dire qu’il arrête la pensée : c’est le mouvement uniforme.