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TOUCHER SPHÉRIQUE ET TOUCHER CONTRAIRE

Nous pouvons facilement nous rendre compte du caractère de ces phénomènes dès que nous reconnaissons que, malgré la perspective, la vitesse ne change pas, si elle est analysée en rapport avec la forme.

Admettons deux arcs d’égales dimensions occupant une faible partie seulement de l’espace total perçu ; s’ils sont surmontés d’une ligne horizontale, sur laquelle s’effectue une circulation, et placés à deux cents mètres l’un de l’autre, le second arc donne l’impression d’être contenu dans le premier.

Sur les deux lignes horizontales superposées, la vitesse des déplacements paraîtra très différente considérée en rapport avec l’ensemble des déplacements perçus dans la totalité de l’espace ; mais si, au contraire, on la considère en rapport seulement avec la forme des deux arcs superposés, cette vitesse concorde.

Ayant cherché à développer mon sens rythmique autant par la vue que par l’audition et par les sensations manuelles, je suis arrivée, par rapport à l’analyse simultanée des mouvements perçus, à étendre considérablement mon champ visuel ; je crois voir dans la perspective des unités nouvelles en constante transformation, unités nouvelles qui me sont aussi personnelles que celles provoquées par mon toucher.

Placée devant un espace libre, j’ai maintes fois constaté que si, pendant que je regarde des silhouettes humaines de différentes dimensions circuler autour de moi, des silhouettes plus lointaines et par suite de bien moindres dimensions m’apparaissent, je les regarde avec l’impression de les avoir déjà vues inconsciemment auparavant.