quis, le principe initial de l’étude reste le même : il consiste à apprendre à penser par la main, à penser par le calcul des sensations différenciées qu’on s’applique à provoquer au moyen des attitudes et des mouvements.
Si, comme cela est probable, on ne pense qu’imparfaitement ce qu’on ne peut arriver à faire soi-même en le voyant faire aux autres, c’est que tout perfectionnement fonctionnel acquis doit correspondre à un état de conscience supérieur. À chaque perfectionnement du mécanisme manuel correspondra un perfectionnement équivalent du mécanisme mental.
Il s’agit, en somme, de former une espèce de décentralisation de la pensée ; au lieu de croire que la pensée est dans la tête, on croira qu’elle est dans la main et dans la tête. C’est déjà un progrès puisque, à vrai dire, il y a une parcelle de pensée partout où il y a sensation ; apprendre à mieux sentir par sa main, c’est apprendre à mieux penser.
Dans la première partie de cet ouvrage nous exposerons sommairement les principes élémentaires nouveaux par lesquels l’étude du piano est transformée en un travail surtout intellectuel ; celui-ci non seulement augmente la valeur du temps consacré à l’étude parce qu’il abrège considérablement la durée du travail, mais il permet aussi à tous d’apprendre ce qui est considéré comme le privilège de quelques élus : le toucher musical, le jeu harmonieux et la vérité artistique.
Les propriétés artistiques des mouvements qu’il s’agit d’acquérir correspondent donc à l’effort intellectuel dépensé dans l’étude des mouvements.