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LES SENSATIONS DE SURFACES

C’est si j’ai la sensation de ralentir le mouvement pendant que je soulève à 3 ou 4 millimètres de hauteur un objet carré, pesant 170 grammes, que je lui attribue le maximum de poids, quoique la durée du mouvement soit assez courte.

C’est le caractère spécial du fractionnement des sensations et des mouvements qui produit ce résultat ; plus j’arrive à les subdiviser finement, plus l’effet produit est en harmonie avec l’augmentation des sensations de poids que je veux provoquer.

Mais à mesure que, par un mouvement ascendant graduellement accéléré, je lève cet objet de plus en plus haut, il me paraît devenir graduellement plus léger, quoique je mette un temps relativement long à exécuter ce mouvement total.

Si, au contraire, je repose ensuite l’objet par un mouvement dont la vitesse est graduellement ralentie, je sens son poids graduellement augmenter.

Dans ces deux derniers cas, il y a des phénomènes complexes en jeu.

À la diminution de poids, correspond, d’une façon très sensible, à mesure que le bras s’élève de plus en plus haut avec une complète liberté d’allure, une augmentation graduelle des sensations d’effort dans l’épaule et le tronc.

À l’augmentation du poids correspond : 1o un amoindrissement graduel d’effort dans l’épaule et le tronc : 2o une augmentation graduelle de sensation de pesanteur dans le bras et jusque dans la main, dont la liberté d’action est entravée par le ralentissement du mouvement.

On pourrait donc admettre : 1o qu’un effort qui,