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L’ÉDUCATION DE LA PENSÉE ET LE MOUVEMENT

cette pensée doit être à la fois puissante par sa complexité et sa continuité.

L’élève ne peut apprendre à penser, à agir, à mesurer, à calculer musicalement par l’étude des mouvements volontaires que si, par un effort considérable, son esprit dépense plus d’activité que ses doigts. Et cet effort n’est nullement disproportionné avec la courte dose d’attention que l’enfant est capable de déployer.

En général, on ne se rend pas compte des aptitudes de l’enfant ; au lieu de lui enseigner des choses toutes faites, on peut lui décrire leur mécanisme de façon à mettre sa pensée en marche, lui expliquant que ce qu’il doit apprendre à faire est composé de différentes choses qu’il doit faire simultanément.

Avant qu’un mouvement puisse s’exécuter dans de bonnes conditions, il faut trouver moyen de maintenir en mouvement la pensée qui doit le faire exécuter.

On ne pense qu’en variant sans cesse les éléments pensants partiels qui font naître la pensée, ce que nous considérons comme une pensée se compose déjà d’une foule d’éléments pensants différents, et le secret de l’éducation de l’enfant réside dans ces éléments pensants différents ; il faut savoir les provoquer, afin qu’il apprenne à penser.

Du reste, le problème des mouvements artistiques est résolu nécessairement par les commençants sous une forme moins complexe que par ceux à qui l’éducation a déjà donné une conscience supérieure. Mais, quel que soit le degré de perfectionnement ac-