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DÉBATS DE L'ASSEMBLÉE CONSULTATIVE PROVISOIRE
Séance du Mercredi 3 Novembre 1943





SOMMAIRE




Allocution du Président d'âge.
Discours du général de Gaulle, président du Comité français de la Libération nationale.
Excuses et congés.
Tirage au sort des bureaux. Résultat du tirage au sort.
Répartition par voie de tirage au sort, des dossiers de validation.
Règlement de l'ordre du jour.
Fixation de la prochaine séance au mardi 9 novembre.



Présidence de M. Georges BUISSON
Président d'âge

M. le Président et MM. les Secrétaires d'âge prennent place au fauteuil.

Le général de Gaulle et le général Giraud, présidents du Comité français de Libération nationale et MM. les membres du Comité prennent séance.

La séance est ouverte à 15 heures.

M. le Président donne lecture du décret du 30 octobre 1943 portant convocation de l'Assemblée consultative provisoire.


INAUGURATION DE L'ASSEMBLEE
Ouverture de la Session
ALLOCUTION DE M. LE PRESIDENT

M. le Président. — Messieurs les Présidents du Comité français de Libération nationale, Messieurs les Commissaires nationaux, Messieurs et chers Collègues, à l'ouverture de cette séance d'installation de l'Assemblée consultative provisoire, qui marquera une date dans l'histoire de notre France immortelle, qu'il soit permis à votre Doyen d'age de vous apporter son salut affectueux et fraternel.

Un certain nombre de nos collègues, qui n'ont pu encore obtenir les priorités N° 1 et 2 qui leur sont nécessaires, ne peuvent être présents à cette séance. Nous regrettons leur absence et nous demandons à nos amis Anglais et Américains de nous aider à les faire venir au plus tôt pour participer à nos travaux.

Parmi les hommes qui sont sur ces bancs, et dont je sens déjà l'ardeur et la volonté de servir de toutes leurs forces notre Patrie, beaucoup, il y a peu de temps, étaient encore dans la Métropole où, avec tout un peuple héroïque, ils ont mené contre l'ennemi et ses complices un dur combat pour la libération de la France.

Représentants des partis, de ces partis si nécessaires au fonctionnement normal d'une saine démocratie, de ces partis qui, organisés dans la résistance, ont su chasser de leurs rangs les traîtres et les agenouillés :

Délégués des organisations syndicales qui, rapprochés par le malheur ont fraternellement conjugué leurs volontés d'avenir ;

Représentants de ces admirables mouvements de la résistance française immense armée des combattants en civil qui chaque jour bravent la tortue et la mort pour détruire l'organisation de guerre de l'ennemi et hâter la résurrection de la France ;

Tous vous êtes animés par le souffle ardent des héros qui vous ont délégués ici.

Et vous aussi représentants de la résistance de notre Afrique du Nord rendue heureusement à la Mère Patrie représentants de notre Empire et de l'Etranger qui partout où vous pouvez être avez tresailli d'espoir lorsqu'au milieu de la désespérance générale vous avez entendu, en juin 1940, un fier soldat, Charles de Gaulle, sonner le ralliement des Français et sauver l'honneur. (Vifs applaudissements sur tous les bancs.)

C'est l'âme même du peuple français qui se bat, du peuple qui n'a pas désespéré dans les destinées de la France, que tous vous apportez ici.

Messieurs les représentants des groupes parlementaires du Sénat et de la Chambre des Députés, librement élus par ceux de vos collègues qui n'ont point abdiqué devant les factieux et qui se sont refusés à laisser prescrire les droits de la Nation ; et vous aussi Messieurs les Conseillers généraux de l'Afrique du Nord et de l'Empire français, hommes de bonne volonté, qui tous représentez avec les multiples nuances de sa pensée, l'esprit et les espoir de cette belle France réconciliée dans son martyre.

Je suis sûr que vous n'accepterez pas que la France soit frustrée de la grande espérance qui s'est levée en elle au plus profond de son malheur. (Très bien. Très bien.)

Les temps que nous vivons n'ont pas permis que, tout de suite, le peuple français, librement constitué, fixe lui-même, dès maintenant son destin, mais vous aurez à cœur de répondre à son espoir. Cette Assemblée qui le représente avec autant d'exactitude qu'il est possible, sera l'Assemblée provisoire de la vraie France pour laquelle vous préparerez les glorieux lendemains.

En cette journée d'espérance, nous adressons la ferveur de notre piété aux vaillants combattants, conduits par des chefs dignes de notre Patrie qui, sur terre, sur mer et dans le ciel, prouvent leur fidélité à la glorieuse tradition militaire de la France, à tous les martyrs militaires et civils ; à ceux qui ont sacrifié glorieusement leur vie pour que ne meurent ni la France ni la Liberté ; à ceux qui ont souffert : prisonniers de guerre, emprisonnés politiques, exilés, travailleurs arrachés au sol sacré et déportés en Allemagne ; à toutes les victimes de l'opposition.

Nous ne pouvons distraire notre pensée du sort malheureux du peuple de France qui souffre et espère. L'angoisse nous étreint en songeant ce que sera, après d'autres si douloureux, pour lui, l'hiver prochain et ses terribles conséquences.

Les masses françaises n'ont pas capitulé en 1940, elles ont été trahies. (Très bien. Très bien. Vifs applaudissements.)

Dans le malheur les hommes se sont rapprochés et tous, ouvriers, paysans, classes moyennes sont maintenant soudés dans la résistance. Comment ne pas dire l'admirable attitude des femmes de France (Très bien. Très bien.) qui prennent glorieusement leur part de sacrifice. Comment ne pas admirer la foi enthousiaste de cette belle jeunesse française si courageuse dans l'action.

Avec le Comité français de la Libération nationale dont nous saluons respectueusement les Présidents ainsi que les Commissaires nationaux, la France est noblement dans la guerre.

La Comité est assuré de l'appui enthousiaste du peuple français qui a compris clairement le devoir qui s'impose à lui, et cet appui du peuple fait la force du Comité.

Le devoir, il est défini comme la résistance elle-même, que ce soit la résistance contre Berlin ou contre les Quislings de Berlin.

Chaque Français en France ou hors de France, qui ne se met pas au service de notre gouvernement provisoire en temps de guerre, jusqu'à l'extrême limite de ses moyens est un ennemi de son pays. (Applaudissements.)

Cette Assemblée saura répondre au vœu ardent de tous les Français de la Métropole et de l'Empire, en aidant de toutes ses forces l'action du Comité, en lui permettant de mener sans faiblesse, sans hésitation et sans relâche l'effort pour arracher le peuple de France à la servitude et à l'extermination.

L'unité française qui s'est ainsi réalisée derrière lui, permettra de compter comme un immense bienfait, la réorganisation par lui de sa vie nationale au moment où l'ennemi sera contraint d'abandonner le sol de notre patrie.

En accentuant notre appui au Comité, nous ferons naître et se développer l'atmosphère de commune confiance dans une utile colla-