Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apprendre à lire le français, mettre un faible avec un fort, obligeant celui qui sait mieux lire, de faire étudier l’autre ; et cela, de manière que les deux aient étudié les leçons de leurs deux contrats, et qu’il soit libre au maître de faire dire les leçons des deux contrats, à chacun des deux écoliers, ou dans celui du compagnon plutôt que dans le sien. Il est expédient de faire cela souvent. Quand ils disent leurs leçons, il faut qu’ils tiennent tous deux le même contrat, et que l’un voie ce que l’autre lit. Pour lire le second contrat, on les fait seulement changer de place, en sorte que tous deux tiennent et lisent le second contrat, comme le premier. Quand celui qui lit ne dit pas bien, on le demande à l’autre, et s’il ne le sait pas, on les punit tous deux. Le maître ne doit jamais s’occuper, quand les enfants étudient, de leur dire ni les lettres, ni les mots qu’ils pourroient lui demander ; ils en abuseroient et cela prendroit tout son temps. L’expérience a fait connoître, sans se donner cet embarras, que deux ensemble s’aident à venir à bout de cela et qu’ils apprennent en très peu de temps. Il est vrai que, jusqu’à ce que les enfants sachent passablement lire, on leur fait assembler tous leurs mots, ce qui leur apprend à connoître les lettres du contrat qu’ils lisent ; et, comme on met, ainsi qu’il a été dit, un fort avec un faible, il faut faire également assembler celui qui lit mieux que celui qui est le plus foible ; par ce moyen, le plus ignorant profite beaucoup et cela empêche qu’il ne dise les mots par routine, et sans en connoître les lettres. Il est même expédient que celui qui assemble les mots, mette le doigt sur chaque lettre, afin qu’on voie qu’il la connoît, et qu’il remarque comme elle est faite, ce qui fait que, dans la suite du contrat, s’il se rencontre de semblables lettres à celles qu’ils ont lues, et s’ils ne la connaissent pas, il faut les châtier ; rien n’est plus utile pour les faire apprendre. On fera lire les contrats, deux