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les meilleurs procédés pour faire du bien aux enfants ! — « Le cœur est la meilleure des directions pédagogiques ». (Marion). — Or, quel maître aimera davantage les enfants, même les plus délaissés, que celui qui voit en eux Notre-Seigneur-Jésus-Christ lui-même ? — « Le tact, le sens avec le cœur, peuvent tenir lieu de toute la pédagogie ». — C’est ce qui fait encore la supériorité des éducateurs religieux. Ils ont du tact, la prospérité de leurs maisons le prouve assez ; et ils ont du cœur, c’est-à-dire la vraie charité, car ils aiment pour Dieu et avec Dieu, ils aiment en pères, et rien n’est plus sincère dans la bouche des enfants que ce nom de pères qu’ils donnent à leurs maîtres, car ceux-ci n’ont renoncé aux joies de la famille que pour mieux se donner à leurs « chers enfants », à leur famille adoptive.

On trouve dans le réglement de Louis Aubery pour les écoles charitables de Moulins, ces qualités maîtresses de tact, de bon sens et de cœur. L’enfant y est traité avec fermeté sans doute, mais avec beaucoup de respect et de bonté. Louis Aubery, ainsi que le Bienheureux de la Salle, s’était pénétré de cette affirmation de Jésus-Christ : « Si quelqu’un reçoit en mon nom un enfant tel que ceux-ci, c’est moi-même qu’il reçoit…[1] » Il voyait Notre-Seigneur dans la personne de ces pauvres petits, et cette pensée de la foi soutenait son zèle et rendait sa charité infatigable. De là, le 33e article de son réglement :

« Les maîtres doivent, sur toutes choses, concevoir et toujours conserver un grand zèle pour le salut et l’avancement de leurs écoliers, avoir une charité égale pour tous, souffrir avec douceur et

  1. S. Matth. chap. XVIII, v. 5. — Ce verset est suivi de ces paroles bien connues, qui sont à l’adresse des corrupteurs de la jeunesse : « Si quelqu’un scandalise un de ces petits, il mérite qu’on lui suspende une meule de moulin au cou, et qu’on le précipite au fond de la mer. »