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LE

FESTIN DU JOUR DE L’AN À TAHITI

par

F. JÉRUSALÉMY

Les Tahitiens, peuple enfantin et positif par excellence, appellent toutes les choses par leur nom ; la périphrase, la circonlocution et le sous-entendu leur sont absolument inconnus. « Amuramâa »[1] dans leur langage signifie à la lettre « gloutonnerie, action de manger beaucoup », et c’est ainsi qu’ils désignent ce qu’en France nous appellerions un festin.

Ce peuple indifférent n’a jamais professé de religion proprement dite. Les cérémonies en commun qu’il pratiquait jadis n’ont de nom dans aucune langue civilisée ; mais les missionnaires venus dans l’île à la suite de Cook n’eurent pas de peine à gagner à leur culte, pour la plus grande gloire de la « high » ou de la « low church », ses habitants, d’un caractère doux et complaisant. Aujourd’hui encore, la grande majorité des habitants de Tahiti et des îles de l’Océanie est protestante, mais dans l’archipel des îles Tuamotu le catholicisme a fait de très-grands progrès. Ces peuplades n’ont pas cependant dans le courant de l’année, comme les chrétiens d’Orient et d’Occident, de ces fêtes qui se distinguent des dimanches par des cérémonies religieuses dans les temples et par des solennités culinaires dans les maisons. À part quelques dîners officiels donnés par la reine Pomaré IV, les coutumes locales ne se prêteraient pas à l’adoption de nos usages pour ce qui est des invitations à dîner. La seule fête vraiment populaire des Tahitiens est celle du premier jour de l’an.

  1. Amuramâa a te mataïti api. (Extrait d’un travail sur Tahiti [Océanie]).