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SUR LA TERRE AMÉRICAINE.

son maître. Les deux jeunes femmes étaient devenues tout de suite bonnes amies. La simplicité naïve de l’Indienne avait charmé la pureté de l’Anglaise, et réciproquement.

— Ainsi, dit Iloé, ce jeune homme n’est ni ton époux ni ton frère, comme nous l’avions cru… et tu le suis partout !

— En compagnie de mon père, fit Aurett en rougissant.

— Mais tu t’intéresses beaucoup à lui… Est-il donc ton fiancé ?

— Non, non…

— Cependant, tu as de l’affection pour lui ?

— Moi !…


Sur la route de San Pablo.

— Oui, cela se voit, cela se devine à ton trouble, à ton émotion, lorsque tu parles des dangers qu’il a courus, de ceux qu’il court encore.

— C’est un noble cœur, c’est mon ami, voilà tout.

— Ah ! répondit simplement l’Indienne en jetant sur sa compagne un regard qui la gêna visiblement.

Puis les deux femmes demeurèrent silencieuses. Les Indiens parlent peu. Miss Aurett songeait et se demandait si la naïve Iloé n’avait pas deviné juste. En tout cas, si elle s’attachait à son compagnon de route, c’était encore d’une façon tout inconsciente. En elle-même elle se révoltait à l’idée que son affection pût paraître assez tendre pour motiver une telle supposition.