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XXIV

DU TARIM À L’AMOU-DARIA

Au déclin du jour, les fugitifs atteignirent les premiers contreforts de la barrière de granit, qui ferme à l’Occident la plaine de Beharsand.

Murlyton proposa de s’arrêter. Les yaks donnaient des signes de fatigue, leurs jarrets nerveux avaient perdu de leur énergie. Mais le Parisien ne voulut rien entendre.

— Plus haut, répétait-il, plus haut ! Nous serons attaqués au point du jour.

Et de son kama thibétain, il piquait la croupe des animaux, auxquels la douleur rendait une vigueur passagère. Enfin les bêtes surmenées, se couchèrent sur un étroit plateau, à l’entrée d’un défilé.

— Parfait, fit Lavarède, ici nous aurons l’avantage du terrain. Dînons et dormons.

On lui obéit. Telle était la lassitude générale que, sous les tentes de feutre, l’inquiétude ne tint personne éveillé.

Le lendemain, dès que le soleil montra son disque rouge à l’horizon, Armand se leva et se dirigea vers le bord du plateau. Mais, au-dessous de lui, un voile d’ombre couvrait encore la plaine que les rayons obliques de l’astre n’atteignaient pas.