par ses cris, parut et s’enquit de la cause de ses appels. Aux premiers mots, il partagea la crainte du jeune homme. Sa voix s’unit pour lancer dans l’espace le nom de sa fille.
— Aurett ! Aurett !
Ils s’arrêtaient parfois pour reprendre haleine. La face pâlie, les sourcils contractés, ils écoutaient. Mais ils avaient beau prêter l’oreille, ils n’entendaient que le crépitement incessant de la glace en travail.
Ils ne pouvaient plus douter. Aurett était sortie ; elle avait voulu faire une courte promenade et, dans ce pays bizarre, offrant toujours les mêmes apparences, elle s’était perdue. Il fallait lui indiquer l’emplacement du campement. Un grand feu remplirait cet office en produisant une colonne de fumée visible de loin. Mais comme ils revenaient vers la caverne, afin de déchiqueter la nacelle et de la transformer en combustible, Rachmed se présenta devant eux.
— Miss Aurett… interrogea le silencieux personnage.
— Perdue… égarée…
Il secoua la tête.
— Non.
— Comment non ! se récria Lavarède.
— Pas égarée, enlevée.
— Enlevée !… quand… par qui ?
Pour toute réponse, le Tekké montra un petit sac de soie brodée qu’il tenait à la main.
— Qu’est cela ?
— Des pierres sacrées.
— Des amulettes ?
— Oui.
— Eh ! s’écria Murlyton avec impatience, laissons Rachmed et ses fétiches ! Monsieur Lavarède, songez que ma fille nous cherche, qu’elle nous appelle en vain et que ses yeux parcourent l’horizon sans trouver un point de repère qui la puisse guider.
Le flegme du gentleman avait disparu. C’était le père qui parlait avec des accents rauques et des larmes dans la voix. Le Parisien cependant lui prit le bras et le contraignit à demeurer auprès de lui ; puis s’adressant au Tekké.
— Expliquez-vous vite. Vous voyez qu’il souffre.
— Voici : ce sachet à amulettes appartient à un guerrier en campagne. Il contient les trois cailloux de guerre. Il était tombé dans la caverne près de l’endroit où reposait la jeune fille.