le prix de votre passage. Vu l’exiguïté de la cabine que vous occupiez, je vous consentirai même une réduction de 25 pour 100.
Lavarède s’inclina :
— Il est impossible de se montrer plus aimable, seulement…
— Ah ! il y a un seulement ?
— Oui… même réduit, le passage est encore trop lourd pour ma bourse, car je ne possède que vingt-cinq centimes.
Les bras de M. Saxby s’agitèrent désespérément.
— Cinq « cents » !… Et vous avez osé vous embarquer sur un de nos steamers !…
— Permettez, monsieur, on m’a embarqué, après m’avoir traîtreusement enfermé dans un cercueil, avec quelques provisions. Je me propose même d’intenter une action en dommages et intérêts à la « Box-Pacific-Line-Company ».
Du coup, le directeur se fâcha.
— Vous vous moquez de moi… Soit, je vais vous faire arrêter.
— Un instant, intervint Bouvreuil qui jusque-là s’était tenu à l’écart. Il y aurait un moyen de tout arranger… Je prêterai avec plaisir à monsieur la faible somme dont il a besoin.
— Ah ! ce bon Bouvreuil… s’écria le jeune homme, je m’étonnais déjà de ne pas vous voir ici.
Mais l’Américain l’interrompit.
— Empruntez à ce monsieur et que cela finisse.
— Mais je ne puis pas lui emprunter !…
— Comment vous ne pouvez pas ?
Cessant de rire, Armand reprit :
— Non, et il le sait bien, pour des raisons qu’il serait trop long de vous expliquer, mais je vais vous faire une proposition.
— Peuh !
— Vous êtes intelligent, cela se voit. Américain, vous êtes pratique. Bien. En traversant le Pacifique comme je l’ai fait, j’ai mis votre Compagnie en perte.
— Très exact.
— N’est-ce pas ? Vous voyez, nous nous entendons déjà… Cette perte, il m’est impossible de l’empêcher ; mais, à titre de compensation, je puis vous donner le moyen de réaliser un bénéfice bien supérieur au prix de la traversée.
— Lequel ?