XII
AU QUARTIER CHINOIS
Le même soir, comme dix heures sonnaient aux innombrables horloges de San Francisco, Armand arrivait à l’angle sud du square d’Alta-Plaza. Il s’assura que son revolver glissait facilement dans sa gaine de cuir et regarda autour de lui. À sa droite s’élevaient des maisons de construction américaine, hautes et nues ; à sa gauche commençait la ville chinoise, avec ses habitations basses, ses toits bizarrement contournés.
— Ah ça ! murmura le journaliste, le mandarin veut donc me faire poser ?
Comme pour répondre à la question, un individu qui, jusque-là, s’était tenu caché sous la voussure d’une porte, s’approcha, glissant sans bruit sur ses semelles de feutre.
— Vous êtes brave et vous avez besoin d’argent, dit-il du ton nasillard particulier aux « Célestes ».
— Bravo ! fit Lavarède, tout y est, même le mot de passe. Marchons.
— Un instant, repris le Chinois, qui vous a envoyé ici ?
— Un lettré à bouton d’ambre.
— Où l’avez-vous vu ?
— À la Bourse des Marchands,
— C’est bien vous que l’on attend. Veuillez me suivre.