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LES GUATUSOS.

X

DE L’ATLANTIQUE AU PACIFIQUE

La diversion qui sauvait les trois Européens réhabilitait en même temps Agostin, l’Indien terraba. Le rusé soldat ne s’était pas enfui en abandonnant ses amis ; il était allé chercher du secours au dehors, sentant bien que, si l’on était resté au rancho, livré à soi-même, l’issue finale de la lutte n’eût pas été douteuse.

Telle est la haine que la férocité des Guatusos inspire aux autres tribus indiennes que la parole d’Agostin trouva vite de l’écho. Quelques Vizeitas et Tervis, Chiripos et Blancos, se joignirent à lui. Mais si les Guatusos sont haïs, ils sont redoutés aussi. Et les braves gens qui suivaient le Terraba étaient de mœurs trop douces pour être bien dangereux, lorsqu’un hasard leur donna un chef vigoureux.

Peut-être se souvient-on de l’Indien Ramon, qui a accompagné Lavarède jusqu’au confins de la Colombie. Depuis, retiré avec ceux de sa tribu sur les pentes du Chiriqui, il pratique comme eux la pêche des tortues sur la côte de la mer Carribe.

Pacifiques de mœurs, et issus de la même famille, les Indiens ne s’occupent guère des lignes de démarcation géographique établies par les