Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

est réputée folle. Ne le fût-elle pas d’ailleurs, que ses amis ou apparentés s’efforceraient de la détourner de son projet, et elle disait souvent : Pourtant, il faut aller là-bas. Il le faut. Ma douce Mona, en sa démence, ne répète pas pour rien : Vers l’Orient, vers la lumière ! C’est une inspiration divine, c’est un appel à l’espérance. Il faut aller là-bas.

Il y eut un silence. Au-dessus des causeurs, la brise agitait doucement les feuilles des arbres. Le bruissement des feuillages semblait un encouragement chuchoté à l’oreille de ces êtres, si différents de situation, de culture intellectuelle, et qui se rencontraient en une même pitié, en une même croyance.

Ils restèrent ainsi un long moment. Enfin Max releva son front, qui s’était penché vers la terre sous le poids de la réflexion, et d’une voix incertaine il murmura :

— À présent, Mme  Marroy, dites-moi tout ce que vous savez de l’histoire de ces dames ; de l’aventure qui les a amenées dans cet asile de fous ; de cette aventure qu’une justice imbécile, à courte vue comme toujours, a dédaigneusement relégué au rang des fables.

— Voici donc, Monsieur, ce que la duchesse elle-même m’a raconté.