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MISS MOUSQUETERR.

étages. Par la porte de communication vous avez pénétré de nouveau dans le couloir où dormait toujours Sidonie Lougé. Vous avez revissé les lames de fer, enlevées naguère. La communication se trouvait dès lors condamnée comme auparavant.

Elle avouait de la tête.

— Vous vous êtes enfermée dans la chambre de la duchesse. Rien ne vous pressait. Vous avez donc pris le temps de découper en lanières les robes laissées par les fugitives, les brûlant à mesure dans la cheminée en les mêlant à des journaux. Pour finir, vous avez fait flamber une liasse de quotidiens, dont les cendres recouvrirent les autres, et vous avez attendu le jour. Quand les allées et venues du personnel vous ont indiqué que les surveillantes du rez de chaussée et du premier étage étaient relevées, que, par suite, les logettes d’observation demeuraient vides, vous vous êtes décidée à réveiller Sidonie.

— Pourquoi ai-je attendu ce moment ?

— Pour que votre camarade pût constater elle-même que vous étiez en retard, ce qui expliquait tout naturellement, que les « veilleuses » des étages inférieurs, alors occupées à ouvrir les chambres de leurs pensionnaires, ne vous avaient point vu passer.

Mme  Marroy courba le front, puis, comme prenant une résolution soudaine :

— Il serait absurde de mentir. Tout s’est accompli comme vous venez de le dire. Vous tenez ma situation entre vos mains. Commandez donc ; que voulez-vous ?

— Apprendre de vous ce que j’ignore encore.

— Quoi donc ?

— Savoir où elles sont allées, dans quelle direction elles sont parties.

— Elles ne me l’ont pas dit, commença la brave femme…

Mais le romancier l’interrompit :

— Avant de me répondre, laissez-moi vous confier comment j’ai été amené ici, en vertu de quels sentiments, de quelle sympathie, je me mêle d’une aventure qui, au demeurant, ne me concerne en rien.

Et en termes concis, il conta le vieux journal parcouru à Nice, sa curiosité, celle de miss Violet Mousqueterr éveillées, son départ pour Marseille, sa nuit au bastidou Loursinade, sa rencontre avec un jeune garçon, que le rapprochement des circonstances lui avait plus tard fait deviner être la duchesse de la Roche-Sonnaille.

Elle écoutait stupéfaite et admirante. Son visage grave exprima la ter-