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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

dans le renfoncement aménagé sous les marches, vous prenez toutes trois des sabots que vous passez par-dessus vos chaussures.

— En voilà une idée, balbutia Mme Marroy essayant encore de lutter.

— Une bonne idée, voulez-vous dire.

— Oh ! bonne.

— Sans doute, l’allée des fournisseurs a été ratissée comme chaque soir ;

mais les marchands viennent de bonne heure le matin. Des empreintes de sabots mélangées à celles de leurs souliers ferrés, à leurs lourdes bottes, ne feront point penser aux pieds menus des fugitives. Bref, vous gagnez la sortie. De l’autre côté sur la route, votre brave garçon et la voiture attendent. Ces dames montent dans le véhicule. Une fois sur le marchepied, elles vous remettent les sabots et s’installent ; seulement la duchesse a perdu l’équilibre, elle a dû sauter à terre et remonter.

— Alors ! Vous y étiez donc ? balbutia Mme Marroy avec stupeur.

Le dernier détail indiqué lui semblait plus incroyable que tout le reste de cette incroyable reconstitution. Il la calma d’un sourire.

— Le gazon avait conservé l’empreinte. Je l’ai effacée.

— Vous l’avez ?

— Effacée. Il était inutile de la laisser, n’est-ce pas ?

Du coup, Mme Marroy ne chercha plus à nier.

— Certes ! Mais pourquoi avez-vous cherché ? Pourquoi avez-vous gardé le silence, devant le policier qui…

— Je vous le dirai tout à l’heure.

Et tranquillement :

— La voiture partie et disparue dans la nuit, vous êtes revenue sur vos pas. Vous avez remis les sabots en place, puis vous avez remonté les deux