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LES ASSOIFFES DE LUMIÈRE.

Comme il arrivait dans le vestibule, un landau stoppait en face de l’entrée de l’hôtel.

Le portier en descendait, traversait le trottoir en courant et s’adressant à un personnage assis dans le bureau :

— Voici la voiture, Monsieur.

— Ah bon ! merci.

Max reconnut la voix de Landré. Le policier d’ailleurs sortit presque aussitôt et marcha vers le landau, sur le siège duquel se tenait raide, immobile, le cocher fluet, presque maigre. Le romancier le suivit.

— C’est toi qui vas nous conduire à la maison de santé Elleviousse, demanda le policier.

— Oui, m’sieu Landré, riposta le cocher.

L’agent eut un sursaut.

— Tu me connais donc ?

— Parbleu ! Vous aussi, vous me connaissez. Dans le temps de l’affaire de la route d’Aubagne, vous m’avez employé aux courses.

— Toi…, attends donc…, tu es…

— Félix ! Vous savez bien ! J’étais sans place à ce moment-là, et pour avoir le temps de chercher vous m’avez fait gagner ma vie.

— Ah bien ! Voilà qui est fort ! C’est encore la même affaire aujourd’hui. Les deux dames.

— Les folles ?

— Elles se sont évadées la nuit dernière.

— Et vous devez les retrouver. Ah ! on peut dire qu’en voilà une coïncidence.

Max n’écoutait plus. Une impression singulière l’avait saisi. La voix de ce cocher ne lui était pas inconnue. Il avait la certitude que cet organe grêle, aux inflexions du populaire marseillais et avec cependant quelque chose d’étranger, avait déjà frappé ses oreilles.

Mais où ? Mais quand ? Il ne le pouvait préciser.

Approfondir la question lui fut, du reste, interdit. Presque au même moment, sir John Lobster et miss Violet parurent à la porte du Cosmopolitan. Tous s’installèrent dans la voiture, qui partit grand train, le cocher semblant très fier de conduire l’Inspecteur de police Landré, dit Dodo.