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UN ENFER SCIENTIFIQUE.

Derrière lui, les prisonniers regardent. Ils distinguent sur la muraille le tableau aux manettes de cuivre jaune, de cuivre rouge, d’argent, et aussi le plan étrange aux disques bleus, aux chiffres mystérieux.

Le silence pèse sur eux, les étreint. L’inexplicable se produit. Ils se sont promis d’agir, et leur action leur apparaît si piètre, si inutile, contre ces hommes luttant à l’aide de quartiers de montagne, qu’ils ressentent comme une paralysie du vouloir. Ils sont des lilliputiens égarés dans un monde de titans.

Ils s’écartent pour laisser passer San. Sans qu’il ait besoin de les y inviter, ils le suivent vers l’ouverture sombre accédant au dédale des rues de la métropole souterraine. L’athlète actionne une poignée de bronze, des lampes électriques s’allument, éclairant la galerie d’entrée.

On la parcourt. Un carrefour se présente.

— Il y avait un poste ici, constate le Graveur de Prières d’une voix sourde.

— Oui, répond le gamin, dont le visage conserve une expression de sphinx. Tantôt encore, dix hommes campaient dans ce rond-point.

— Où sont-ils ? Où sont-ils ? rugit San dont les traits contractés trahissent l’anxiété.

Cependant, il va plus loin. Les galeries se succèdent. Des couloirs latéraux s’enfoncent dans les flancs de la montagne. Devant chaque baie, les gamins font halte, lancent des appels de leurs voix suraiguës. Mais aucune voix humaine ne répond à leurs cris. Les échos seuls les reproduisent, ainsi que des ricanements.

San commence à s’affoler. Il marche, toujours plus vite. Il ne s’arrête plus aux endroits où l’on devrait rencontrer des guerriers, où plus personne ne se montre.

Il interdit à master Joyeux, à miss Sourire, d’appeler. Leurs cris dans ces souterrains silencieux le remplissent d’une terreur superstitieuse.

Ce n’est plus la cité des Graveurs de Prières qu’il parcourt ; c’est une nécropole.

— Ah ! enfin, le temple !

Il crie cela, sans avoir conscience qu’il pense à haute voix. Oui, c’est le sanctuaire avec ses colonnes trapues ; avec son autel de marbre sur lequel n’est figurée l’image d’aucun dieu, car les traits de la divinité des Mad, Lad et Ghad, ne sauraient être représentés, non plus que son nom gravé en entier.

Le temple est vide, comme le poste A, comme les galeries, les carre-