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UN ENFER SCIENTIFIQUE.

Elles sont nos amies maintenant, ce n’est donc point le moment de les abandonner.

Sur un signe de Dodekhan, Lucien s’empressa de clore l’incident.

— Comme il vous plaira. Ne cherchez plus à communiquer aujourd’hui. Vous ne communiquerez plus qu’une fois en route. Il serait trop terrible qu’une malchance bouleversât tous nos plans. Au revoir, Sara, au revoir.

— Au revoir.

Ce fut tout, le romancier, frappé par le dernier argument du duc, avait enlevé le parleur et le remettait soigneusement dans son portefeuille.

— Le téléphote, on vient, ordonna Dodekhan.

Manettes et roues cliquetèrent.

L’écran redevint gris, s’appliqua au mur, et quand une demi-douzaine de fanatiques pénétrèrent dans le sanctuaire avec des cris de mort à l’adresse des prisonniers, protégés par le rempart électrique du Réduit Central, il ne restait pas trace de « l’entrevue ».

La scène violente du matin se reproduisit.

Les Asiates, dans leur rage impuissante, jetèrent à leurs insaisissables adversaires les imprécations, les malédictions, dont les langues orientales sont si riches. Après quoi, enroués à force de crier, ils se retirèrent.

Dodekhan n’avait pas même paru s’apercevoir de leur présence. Le silence revenu, il dit seulement :

— Tout est prêt maintenant. Mangeons et dormons jusqu’au repas du soir. Nous veillerons la nuit prochaine.

Sur ce, il embraya le commutateur, qui déterminait la formation du rideau protecteur électrique contre lequel les efforts de San s’étaient naguère brisés, puis il franchit le seuil.

Au pied du cube de marbre de l’autel, une corbeille, avait été déposée.

Le jeune homme la souleva, la rapporta près de l’écran et replaça le commutateur dans sa position première.

Les insulteurs de tout à l’heure étaient les gardiens chargés de remettre la nourriture aux prisonniers. Lucien et son compagnon mangèrent de bon appétit la nourriture grossière mise à leur disposition, après quoi, ils s’étendirent sur les nattes, et s’endormirent.

À l’heure où allait se jouer une partie dont dépendait leur existence, bien plus encore leur bonheur, ils trouvaient le sommeil calme, sans rêves. C’était la préparation à la veillée des armes de deux héros.

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— Neuf heures, dit lentement Lucien.