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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

— Rentrons… les traces de ce singulier promeneur m’indiqueront peut-être ce qu’il cherchait dans cette maison abandonnée.

De nouveau, Max traverse le jardin. Il rentre dans le vestibule. Une allumette qu’il enflamme lui fait retrouver sa lampe électrique, qui a roulé jusqu’au fond de la salle.

Chance inespérée ! L’ampoule n’est pas brisée. La « Veilleuse » a dû tomber sur sa garniture métallique. Le « poussoir » fonctionne, l’incandescence se produit ; l’écrivain peut poursuivre ses recherches.

Il est dans le salon maintenant. Le personnage qui l’intrigue ne paraît pas s’y être arrêté. Évidemment, ce qu’il cherchait ne se trouve pas dans cette pièce. Il l’a traversée d’un pas ferme, sans la moindre hésitation… Oui, mais dans le local voisin il n’en est plus de même. Ici, il a séjourné, ses traces se croisent et s’entrecroisent.

Qu’est-ce que c’est que cette pièce ? Une bibliothèque… ; sans doute la bibliothèque du défunt docteur Rodel.

Le papier, en mauvais état comme dans tout le reste de la maison, a conservé la trace de rayons.

Le docteur Rodel devait être un homme laborieux ; il ne possédait pas une bibliothèque fermée, meuble de luxe de ceux qui ne vivent pas dans la société aimée du livre. Non, tout autour de la muraille, courent des marques de rayons, telles, des coupures jaunies… Ils s’arrêtaient ici, de chaque côté de la fenêtre, aux épais volets pleins hermétiquement clos.

En face de la fenêtre, deux colonnes de fonte, éloignées de la paroi de trente centimètres à peine, étaient enclavées dans les rayons de la bibliothèque.

Ce sont évidemment des colonnes de soutènement. Un affaissement a dû se produire autrefois dans la bâtisse. On y a remédié par ces « béquilles » de métal assurant l’équilibre du bastidou.

C’est évident. Et cependant, cette explication si simple, l’inconnu que Max suit à la trace ne semble pas se l’être donnée.

Autour des colonnes, les empreintes se croisent et s’entrecroisent. Le visiteur a tourné autour des cylindres de fonte. La position des pieds, conservée par la poussière du sol, paraît indiquer que ce « jeune garçon » palpait, auscultait, en quelque sorte, les piliers de métal. Pourquoi ?

Le romancier ne comprend rien aux allures de l’être inconnu. Distraitement, il heurte le fût des piliers.

— Ils sonnent creux, murmure-t-il. Naturellement… Pour une construction légère comme celle-ci, il était inutile d’employer des colonnes pleines.