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MISS MOUSQUETERR.

— J’entends m’accorder l’hospitalité.

Le Russe secoua la tête.

— Non, non. Les instructions de nos gouvernements sont formelles.

— Alors, à quoi bon retarder mon départ ?

— Je ne retarde pas le vôtre, cher Monsieur.

— Cependant…

— Seulement, vous semblez avoir l’intention d’emmener avec vous les personnes de votre suite.

— Naturellement, car elles sont aussi étrangères à l’armée que moi-même.

— Erreur, cher Monsieur.

— Où prenez-vous l’erreur ?

— En ceci. Qu’à cette heure, je leur décerne le titre que vous avez refusé tout à l’heure, et que je les garde comme otages.

La bouche du grassouillet gentleman s’ouvrit en 0 ; ses sourcils affectèrent la forme d’accents circonflexes, ce qui, chacun le sait, exprime l’ahurissement le plus complet ; mais on ne lui laissa pas le loisir de développer oralement les sentiments nés en sa personne de la soudaine conclusion de l’audience.

Sur un signe d’Aberleen, deux capitaines encadrèrent le représentant de la Chambre basse, lui empoignèrent, courtoisement les bras, et avec une énergie, persuasive quoique exempte de violence, l’entraînèrent hors de la tente.

À l’extérieur, sir John tenta de s’expliquer.

Ses conducteurs le laissèrent parler, prendre à témoin l’orteil de Satan, la pipe de Bull et la lance de saint Georges ; seulement, ils ne lui répondirent pas une syllabe.

Toutefois, si leurs langues se condamnaient à la plus stricte immobilité, leurs jambes ne restaient pas inactives.

Irrésistiblement tiré par ces jambes privées d’oreilles, comme les désignait le gentleman, celui-ci traversa le camp, suivi de son yak tenu en main par un soldat. Il repassa à la grand’garde, puis aux divers échelons de protection du camp. Enfin, il franchit le cordon des sentinelles extrêmes.

Là, ses guides le saluèrent, toujours sans une parole ; après quoi, pivotant sur leurs talons, ils reprirent le chemin du camp, abandonnant à lui-même Lobster entièrement médusé.

— Par les cornes de Béelzébuth, soupira le gros homme, je suis fâché pour