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MISS MOUSQUETERR.

fluides informulés, qui charrient le mystère de la vie sur notre planète.

Quoi qu’il en soit, lentement, comme malgré elles, la brune duchesse, la blonde Anglaise, marchèrent peu à peu vers la fille du général Labianov. Elles vinrent se placer auprès d’elle, et ainsi qu’elle, regardèrent du côté du lac.

Le brouillard s’étendait toujours.
Le brouillard s’étendait toujours.

Mona avait dit vrai. Le rideau de vapeurs, qui flotte constamment sur les eaux tièdes, s’épaississait à vue d’œil. Les volutes blanches roulaient les unes sur les autres, telles des vagues se succédant, à l’assaut des grèves.

Elles commençaient à voiler la rive, à se répandre sur l’étroite zone de terre, où la tiédeur de la nappe liquide entretenait la végétation. Et le lac semblait grandir, déborder, s’avancer lentement mais sûrement vers la cabane, vers les tentes.

L’obscurité se fit complète. Des feux s’allumèrent devant les tentes des guerriers de San. La chaumière devint le centre d’une demi-circonférence de brasiers rougeâtres, dardant vers le ciel des flammes dansantes et des fumées rousses.

Le brouillard s’étendait toujours. La cabane fut atteinte, dépassée. Aux yeux des captifs, les foyers s’embuèrent, perdirent leur netteté, devinrent des halos rougeâtres de moins en moins perceptibles, semblables bientôt à de vagues réverbérations dans la teinte blanchâtre, presque opaque des vapeurs.

Les mêmes geôliers que le matin, vinrent poser sur la table rustique le ragoût sauvage destiné au repas des captifs. À neuf heures environ, ils