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MISS MOUSQUETERR.

— Tu ne peux rien contre moi, San. Assassin vulgaire, renonce à tes tentatives vaines ; contente-toi de me conserver prisonnier.

Cette parole est une lueur pour mon esprit. Elle me console, me réconforte.

— Ah ! Prisonnier. Tu reconnais au moins que tu n’as pas le pouvoir de sortir d’ici.

Il incline la tête :

— Était-il besoin de le reconnaître ? Serais-tu obtus à ce point de ne pas avoir pensé que, sous peine de retomber entre tes mains, sans défense possible contre tes hordes, je devais demeurer sous la protection des machines, créées par mon père pour délivrer l’Asie.

— Et qui servent seulement à défendre ta vie ; celle du Français damné.

Il m’interrompt :

— Prisonnier volontaire, je garde l’Asie contre tes entreprises criminelles. Cela encore serait approuvé par mon père.

Et sans hâte, il regagne sa couche, s’y étend comme s’il avait oublié ma présence.

Personne ne parlait. Les captifs de San, le considéraient, les yeux agrandis par l’anxiété, leurs idées bouleversées par ce duel étrange dont les péripéties leur étaient contées par l’un des acteurs.

L’athlète reprenait son récit :

— Ah ! duchesse Sara, jeune Mona, et vous insensés qui vous êtes attachés à leur fortune, vous triomphez. Vous vous leurrez de cet espoir que je suis vaincu par la science infernale de votre ami Dodekhan. Réservez voire joie, réservez-la. Je vous ai affirmé, il n’y a qu’un instant, que vous deviez trembler. Écoutez, et dites si je me suis trompé.

Une pause ; puis il poursuivit :

— Il faut que Dodekhan, que Lucien de la Roche-Sonnaille, quittent la Caverne des Machines qui les abrite de mes coups. L’esprit du maître Log est entré en moi. Il m’a soufflé l’art des subtiles tortures. La souffrance de Mona avait arraché au fils de Dilevnor la promesse de livrer les secrets de la confédération des Sociétés secrètes de la terre d’Asie. La souffrance de Mona le fera sortir de son refuge.

La voix du colosse s’enflait maintenant, semblant rythmer un chant de triomphe barbare.

— Voilà pourquoi, avec l’aide de fidèles, j’avais préparé votre évasion de la maison Elleviousse ; un moment, j’ai craint que vous échappiez à mon étreinte. Vous vous étiez évadées avant l’heure fixée par moi. Mais ce qui est écrit aux pages du destin ne saurait être empêché. Vous vous êtes jetées