Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
MISS MOUSQUETERR.

— Voilà des gens qui se dirigent vers la ville, grommela-t-il… Ils vont trouver une contravention.

Il avait à peine exprimé sa pensée, que la voiture tourna dans un chemin latéral, qui semblait côtoyer le fourré d’oliviers sur sa face perpendiculaire à la route.

— Non, ils n’entrent pas en ville… Moins imprudents que je ne pensais.

Pourquoi le romancier s’occupait-il de ces passants inconnus… ? Par cette raison que l’homme, seul dans la campagne, éprouve le besoin de fixer son attention sur un objet quelconque. L’oisiveté complète de la faculté d’observation est, en effet, une souffrance que l’on combat inconsciemment.

Max avait repris sa marche. Les oliviers restaient en arrière. À peu de distance en avant du promeneur se profilait vaguement la silhouette régulière d’un mur de clôture.

— Ce doit être là, murmura-t-il.

En approchant, il reconnut qu’il ne s’était pas trompé… C’était bien la maçonnerie, portant au sommet les terres vernissées que lui avait annoncées le garçon de l’hôtel.

Pas très haut ce mur, de deux mètres à peine… ; facile à escalader pour toute personne possédant des éléments de gymnastique.

— Voyons, reconnaissons les lieux.

Et lentement, le jeune homme fit le tour de la propriété.

Au jugé, il estima que le jardin enclos devait figurer un parallélogramme presque carré de cinquante mètres en longueur sur environ quarante-cinq dans l’autre sens. À l’intérieur, le mur devait être bordé d’arbres taillés, au feuillage très épais ne permettant pas d’apercevoir la maison d’habitation.

Sur la route seulement une grille laissait le regard distinguer vaguement au bout d’une pelouse, ceinturée de massifs d’arbustes, la toiture du logis.

— C’est la demeure de gens qui tiennent à échapper aux curiosités du voisinage, se confia le romancier.

Et, promenant ses regards autour de lui :

— Un voisinage pas très inquiétant cependant. Le bois d’oliviers d’une part…, ce verger vis-à-vis sur la route, ce hall d’une fabrique quelconque, isolent le bastidou du reste du monde. Ma parole, on aurait voulu un endroit retiré, aux portes de la ville, que l’on n’aurait pu trouver mieux.

Cela était vrai. De quelque côté qu’il portât ses regards, sa vue était arrêtée à peu de distance par des obstacles naturels ou artificiels.

Il fallait être appuyé à la grille pour reconnaître l’emplacement de la