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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

une fois posée, elle ne se l’était jamais faite. Elle murmura lentement, d’un air méditatif :

— Log a été tué. J’ai vu, j’ai bien vu, le crâne éclaté, ce corps roulant sur le sol.

Et, avec un vague espoir dans les yeux :

— S’ils avaient fait grâce à Dodekhan ?

Mais Max secoua légèrement la tête :

— Hélas ! Madame, Dodekhan ne serait pas votre ennemi.

Elle ne répondit pas, pencha le front vers la terre, et resta un instant ainsi. Peut-être tout bas se gourmandait-elle de s’être, une fois encore, prise à l’espérance de l’impossible.

— Et pourtant, reprit-elle comme avide de montrer son énergie revenue, la lutte était circonscrite entre eux.

— Absolument ?

— Absolument. Eux seuls avaient Ta clef des signes secrets auxquels obéissaient les Sociétés Asiatiques. Dodekhan surtout, puisque nous avons été renvoyées en Europe sur sa promesse de révéler, à Log, ce que ce dernier ignorait encore :

— Alors, fit le Parisien comme se parlant à lui-même, le chef actuel !

— Je ne le connais pas.

— Il me semble que si.

Du coup, la jeune femme considéra son interlocuteur avec une surprise non dissimulée.

— Expliquez-vous.

— C’est aussi mon intention. Dans votre récit, une chose m’a frappé. Log y apparaît comme une seule de personnage double, toujours flanqué d’un serviteur géant.

— San !

— Précisément. Par ses fonctions, ce San devait en connaître long sur l’organisation de la confédération asiate.

— Je crois que Log n’avait pas de secrets pour lui.

— Eh bien, mais, n’y a-t-il pas là un chef tout trouvé ? Oui, certes, un chef incomplet, et comme intelligence, et comme savoir ; mais un chef possible, par comparaison avec les autres affiliés.

— Au fait, vous avez raison.

— Et puis, cela explique le décousu de ses manifestations. Vous êtes enfermée avec Mlle  Mona dans une maison de santé. Un homme de haine, mais d’esprit pondéré doit vous juger suffisamment punies, suffisamment