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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

Il y fait une chaleur torride. Le vent lui-même n’apporte aucune fraîcheur. Il a été surchauffé sur les plaines désertiques qui bordent la mer, et il sert de véhicule à des poussières d’une finesse telle qu’elles pénètrent par tout. Les voilettes, les étoffes les plus serrées ne peuvent les arrêter.

On juge de l’effet sur les muqueuses de la bouche et des poumons.

Violet brusquement avait été reprise par la fièvre. Elle oscillait entre 41° et 42°. Une élévation insignifiante encore, et c’était la mort.

Pour comble d’épouvante, le médecin du bord s’était montré le matin particulièrement soucieux, tandis qu’il renouvelait le pansement de la blessure. Max, ne le quittant pas des yeux, Max, dont l’angoisse avait cette pénétration aiguë de ceux qui aiment, l’avait arrêté hors de la cabine.

— Docteur, vous êtes inquiet ?

À un homme, les médecins pensent généralement pouvoir dire la vérité. Celui-ci répondit donc nettement :

— Oui, très.

— Que craignez-vous… ?

— J’espère encore. Si nous étions sortis de cette satanée mer Rouge, tout irait bien ; mais nous en avons encore pour vingt-quatre heures.

— Enfin, où est le danger ? bégaya le jeune homme dont l’anxiété croissait avec les réticences du médecin.

Celui-ci baissa la voix :

— Je crains la gangrène !

La gangrène, mot atroce, qui d’une blessure légère fait une plaie mortelle ! Max se retint à la cloison pour ne pas tomber. Tout tournait au-