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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

— C’est que nous avons une jeune malade, qu’il faut porter.

— Ils la porteront, riposte imperturbablement la Russe. Et aussi notre caisse, don précieux de la lumière.

Le cœur de Max bondit dans sa poitrine. Certes, Mona est folle. Et cependant, elle s’exprime avec une telle confiance, qu’il se sent gagné par la certitude émanant d’elle.

On passera, on parviendra sur le Bakou. Et Violet sera sauvée.

Le coffre est refermé. Mona tend un tube à la duchesse. Elle aperçoit le romancier et lui en remet un autre. Comme un officier distribuant des ordres, elle dit :

— Dissimulez dans votre manche ; la lentille supérieure en avant, sous les doigts.

Ils exécutent le mouvement.

— Bien, à mon signal, appuyez sur le-poussoir.

— Et ? demanda curieusement Max pris par la bizarrerie de la scène.

— Et projetez le faisceau orange

— Ah ! c’est la lumière orangée.

— Sur le front de vos ennemis.

La conclusion ne satisfait pas le Parisien. Un faisceau de rayons, même orangés, ne lui semble pas devoir modifier les idées de personnages aussi entêtés que les révolutionnaires. Aussi, il insiste :

— Et que se produira-t-il, je vous prie ?

— L’hallucination.

— Quelle hallucination ?

— Je ne le sais pas. Cela dépend de l’esprit où elle se produit. Mais quelle qu’elle soit, elle tendra à faire agir nos ennemis dans le sens que nous souhaitons.

Et Max secouant la tête d’un air de doute, Sara murmura :

— Obéissons. Moi, je crois. Dès qu’il est question de lumière, elle voit, elle sait, elle comprend des choses qui nous échappent.

Du reste, Mona ne paraît pas avoir remarqué l’indécision du jeune homme. Elle prend la duchesse par le bras.

— Où sont ces fous qui barrent notre route ?

— En bas dans le bureau et le vestibule de l’hôtel.

— Bien, suivez-moi.

Elle passe dans le couloir. Dominés par l’autorité qui se dégage d’elle, ses compagnons la suivent docilement. Elle s’engage dans l’escalier qui relie le premier étage au vestibule d’entrée. Ils l’imitent.