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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

Presque sans se l’expliquer, il ressent le besoin de lumière. La clarté chasse les hallucinations de la nuit. Il va au commutateur qui commande l’éclairage électrique de la chambre. La main tâtonne, trouve le bouton tournant, l’actionne.

Un flot de lumière inonde brusquement la pièce, appelant un léger cri de surprise des autres voyageurs. Mais avant que Max ait pu dire un mot pour justifier son acte, Mona s’est dressée toute droite. Elle parle :

La folle, le bras étendu, répète : l’Orient, clarté, bonheur.
La folle, le bras étendu, répète : l’Orient, clarté, bonheur.

— La lumière ! Vers l’Orient ! Vers l’Orient !

Et à sa voix répond celle de la duchesse de la Roche-Sonnaille.

— La lumière ! Qui sait ! Elle nous a rendu déjà de tels services.

Tous l’interrogent du regard. Sur le visage de miss Violet a passé comme une espérance.

La jeune fille s’est soulevée sur le coude. Comme le romancier, comme sir John Lobster, elle regarde avidement Sara.

L’aimable Parisienne, d’un geste de la main, leur indique que le moment n’est pas propice aux explications.

À cette heure, Mona Labianov est en proie, à ce que l’on peut désigner sous l’appellation de crise lumineuse. Elle a, en de tels instants une curieuse et troublante lucidité scientifique. Cette fois encore, sera-t-il possible de faire servir cet état au bien de tous. Sara se rapproche de la folle qui, le bras étendu, les yeux noyés de vague, répète :

— L’Orient ! Clarté ! bonheur.