Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
LES ASSOIFFES DE LUMIÈRE.

n’avons rien à y voir ; mais qu’ils viennent molester des citoyens français, voilà qui ne saurait être admis. »

Un instant, Max Soleil garda le silence.

Son regard lumineux se posa sur miss Violet.

La jeune fille ne bougeait pas. L’œil étonné, sa bouche rose entr’ouverte, elle semblait attendre encore. Pour une fois, elle paraissait ressentir cet intérêt, qu’une demi-heure plus tôt, elle se plaignait de ne pas éprouver.

— Eh bien ? interrogea-t-il enfin.

Elle parut sortir d’un rêve et d’une voix indécise :

— C’est extraordinaire.

— Ne pensez-vous pas qu’il serait passionnant de résoudre ce problème ?

Elle fit oui de la tête.

— Sans compter que, sans doute… en trouvant un roman vrai, j’accomplirais, j’en suis certain, une bonne action.

— Une bonne action ?

Le romancier leva les bras en l’air en un geste éloquent :

— J’oubliais…

Et tournant la page du journal.

— Ceci… Dernière heure. — Voyez :

« Mme  de la Roche-Sonnaille et Mlle  Mona Labianov, vu leur état mental, ont été conduites à la maison de santé du docteur aliéniste Elleviousse.

« Tout le monde connaît l’éminent praticien, ses cures merveilleuses, ses ouvrages qui ont révolutionné les théories de la folie. Tout le monde a, sinon tenu entre les mains, du moins entendu parler de ses Essais sur les fuites de la raison et leurs causes.

« Nous nous sommes rendus à sa maison de santé, et avons eu la bonne fortune de surprendre le savant dans son laboratoire, où il poursuit ses études touchant l’influence des rayons de lumière colorée sur l’évolution de la démence. Le docteur Elleviousse, comme tous les êtres d’élite, est un apôtre. Au contact des aliénés, il ne s’est point blasé sur leurs souffrances. C’est avec une tristesse profonde qu’il nous a confirmé la folie réelle de ses nouvelles pensionnaires et son peu d’espoir de les guérir.

« Il nous a été donné de voir ces infortunées victimes d’un mystère, dont l’obscurité semble ne devoir jamais être percée.

« Mlle  Mona Labianov, jolie comme un ange hagard, blonde ainsi que les blés, continue à prononcer ces phrases dépourvues de sens :

— L’Orient… la lumière…