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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

Au dernier relai, il lui avait bien paru que le Parisien, après s’être absenté un instant, était revenu à la voiture déjà prête à continuer la route, avec un visage bouleversé.

Mais cela même, il ne l’eût point affirmé, et pourtant il avait bien vu. Max venait en effet de tenter une expérience, dont le résultat lui avait causé un frisson de terreur.

Portant toujours sur lui le parleur, enlevé dans le bastidou Loursinade, il s’était proposé une gaminerie.

Supposant que ce « parleur », devait constituer une sorte de double de celui mis par les ennemis entre les mains du représentant de la Chambre des Communes, il avait jugé qu’il serait amusant de l’utiliser pour communiquer avec les insaisissables Masques Jaunes, et les renseigner de telle façon qu’ils se crussent certains d’avoir dépisté toute poursuite.

Contournant donc les bâtiments de l’isba, il s’était approché de l’un de ces poteaux télégraphiques qui supportent le fil unique franchissant la solitude des steppes. Son « parleur » développé, la pointe métallique fichée dans le bois, il parla sur la plaque vibrante, non sans qu’une émotion anxieuse fit trembler sa voix.

— Allô ! Allô !

Un instant il attendit. Son appareil était-il faussé, abîmé ; ne fonctionnait-il plus ? Mal disposé par ce contre-temps, il répéta plus fort :

— Allô !

Et son cœur se prit à sauter éperdument. Un organe assourdi venait de répondre :

— D’où communique-t-on ?

— De Kiiev, répliqua le jeune homme à tout hasard.

— Ah ! c’est vous, Felly.

— Felly, murmura-t-il. Un de ces bandits se nomme Felly. Ah çà ! avec qui diantre suis-je en conversation ?

Et audacieusement :

— C’est moi.