— Je ne flirte jamais, riposta sèchement l’auteur… Le flirt est une parodie d’un sentiment vrai… à l’usage des faibles de cœur et d’esprit.
Il s’arrêta net. La gentille Anglaise lui tendait la main.
— Serrez ma main, je prie… J’ai parlé avec légèreté et je m’excuse. Sans rancune, il pressa la petite main dans la sienne.
— Je vous remercie. Comme cela, je pourrai partir en emportant le souvenir d’une bonne petite camarade, presque d’une amie.
— Comment, vous partez ?
— Ce soir… C’est le bonheur dont je parlais.
— Le bonheur ! Mais vous deviez rester encore deux semaines…
— C’est vrai.
— Et comme vous expliquiez, l’autre soir, votre existence : onze mois de travail, de vie simple et méthodique… Un mois de vacances, à Nice, avec la vie de millionnaire… Je vous avoue, je ne conçois pas le bonheur qui abrège le mois de fortune.
— Qui multiplie, voulez-vous dire.
— Vous parlez par énigmes.
— La chose la plus intéressante !
Elle eut un grand geste :
— Vous avez trouvé une chose intéressante, vraiment ? Il y avait un rayonnement anxieux dans ses yeux doux.
— Au moins pour moi… Le point de départ d’un roman extraordinaire… Un mystère que les polices française, anglaise et russe, ont été impuissantes à déchiffrer ; un mystère que je veux expliquer, moi.
— Mais vous disiez le bonheur venu en achetant les violettes.
— Justement, tenez, Mademoiselle, prenez-les.
Et lui mettant des violettes entre les doigts, il montra le journal qui les enveloppait.
— Voilà le bonheur… donné par la bouquetière et par-dessus le marché.
— Ce journal ?
— Un Petit Marseillais, vieux de quatre mois.
— Je continue à ne rien comprendre…
— Ce journal, reprit Max est du mois d’octobre dernier. Ma bouquetière l’a sans doute acheté dans un lot de papiers destinés à envelopper ses bottillons de fleurs… Comment fut-il entre ses mains, je n’en ai cure… La veine, comme dit cet excellent Capus, la veine est que mes yeux ont été attirés par ce sous-titre suggestif.
Et scandant les syllabes, comme pour amplifier l’effet, l’écrivain lut :