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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

verture du battant derrière lequel il se cachait, devrait appeler, faire du vacarme, causer dans l’hôtel un remue-ménage, après lequel il n’aurait qu’à se retirer modestement.

Et le sourire aux lèvres, s’assurant par une dernière traction de la solidité de son piège, Max regagna tranquillement sa chambre. Mais il laissa l’entrée sur le couloir entrebâillée. Il voulait entendre, et se délecter de ce qui allait se passer.

Quelques minutes s’écoulèrent. Le silence régnait dans l’hôtel. Tout à coup, une voix apeurée clama :

— On n’entre pas ! On n’entre pas !

Max grommela :

— C’est l’organe d’une dame. Qu’est-ce que cela ? En effet, la voix étranglée, aigrelette, pointue, appartenait évidemment à une personne du sexe gracieux.

Mais aussitôt un timbre plus grave, renforcé par des résonances inexplicables, répondit :

— Je ne demande pas à entrer, mais à sortir.

Et ces répliques effrayées ou colères se croisèrent :

— Alors, cessez de secouer ma porte !

— Cessez vous-même de la retenir.

— Je tiens la porte, vous osez dire ?

— Je m’en aperçois peut-être bien.

Les voix se haussèrent à un diapason plus élevé, plus combatif.

— Vous n’avez pas honte d’épouvanter une pauvre femme qui est dans son lit.

— Dans son lit, dans le couloir ! Cette farce a assez duré.

Et des portes furent secouées avec fracas. Cependant les causeurs glapissaient :

— Lâchez la porte, ou j’appelle.

— Lâchez vous-même, gredin.

— Pécore !

— Canaille !

— Stupide créature !

— Bandit !

Un furieux vacarme, puis un cri :

— Au voleur ! à l’assassin !

Qui réveillèrent tous les habitants de l’hôtel, personnel et voyageurs.

Max jugea le moment venu de se montrer. Il se précipita dans le couloir.