Pas la moindre hésitation dans la voix.
Kozets salua, reconnaissant ainsi que la réplique le satisfaisait.
Quant au Commandant japonais, il avait déplié le papier à lui remis par l’Anglaise. Deux signes seulement étaient tracés au pinceau sur la feuille : l’un figurant une sorte de soleil rayonnant ; l’autre, trois griffes recourbées, réunies en leur partie la plus large par une ligne menue.
Que signifiaient ces caractères ?
Mystère. Mais ils causèrent à l’officier une émotion extraordinaire. Il marqua un fléchissement des genoux, se tourna vers l’Orient, les bras étendus à la façon des « adorateurs » des bas-reliefs, puis rendant le papier à miss Mary :
— Les prisonniers sont à vous. Que désirez-vous ?
— Continuer sur Kharbine et l’Europe.
— Veuillez prendre place dans le train. Il repartira dans quelques minutes.
Et au lieutenant, qui assistait à la scène :
— Plus d’otages.
— Que dira notre général ?
— Rien… c’est l’ordre auquel on ne résiste pas.
— Ah !
Les deux officiers eurent à l’adresse de l’Anglaise un regard que les assistants jugèrent presque craintif, puis saluant avec un respect quasi religieux :
— Prenez place…, prenez place… Puisse Bouddha favoriser votre voyage !
Ceci dit, tous deux s’éloignèrent, laissant le petit groupe à ses affaires.
— Oh ! murmura Mona enjoignant les mains ; comme cela au moins, père ne tremblera pas pour ma vie.
Et brusquement, s’adressant à l’Anglaise, intervenue si à propos dans le débat.
— Mais qu’est-ce que ce papier qui les a rendus si souples ?
Mary le lui tendit :
— Je sais pas du tout. C’est un ami de moi, correspondant de journaux, qui a donné avec cette parole : Grâce à cela, vous passerez partout. Quand je suis venue dans cette station, par le train de sens contraire, j’ai montré, et tous les japaneses (Japonais), ils ont dit : All right ! Alors j’ai montré pour vous également. Je propose d’écrire à mon ami mes remerciements. Cela est un très bon ticket.