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LE PRINCE VIRGULE.

d’autres devoirs vous appellent… Eh bien… Vous êtes puissant ; vous rencontrerez des serviteurs, des esclaves, des adversaires, mais des amis, jamais.

— C’est vrai, je suis préparé à cela.

— Eh bien ! au nom de ma mère, dont vous avez fermé les yeux, acceptez le frère qui vous aime, qui vous aimera pour le bien que vous lui avez fait.

Albert s’arrêta soudain. Son interlocuteur était devenu atrocement pâle.

— Malheureux ! balbutia le Turkmène… Vous ignorez l’œuvre… Quelle amitié est possible entre nous ? Qui vous dit que je ne suis pas l’adversaire implacable de vous, des vôtres…

— Impossible !

— Mais si cela est pourtant.

— Alors je vous adresserai une prière.

— Dites.

— Notre voyage de noces, nous sommes libres de le conduire à notre guise.

— Sans doute.

— Eh bien ! laissez-nous vous accompagner à Sakhaline. Vous me montrerez la tombe de celle qui fut ma mère… et là, devant ce tertre de terre, peut-être la morte nous inspirera le moyen de demeurer frères, quoi qu’il arrive.

Une larme coula lentement sur la joue de Dodekhan, et il serra à la briser la main de Prince, ainsi que celle de Laura qui se tendait, implorante, vers lui.

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Un mois plus tard, en l’église de Moose-Jaw, on célébrait le mariage de la milliardaire Laura avec Albert Prince, devenu duc d’Armaris. M. Mariole, tout glorieux de sa nouvelle fortune, était à présent le représentant et l’associé, pour le Nouveau Monde, de la maison Bonnard et Cie de Tours.

Mais on célébrait aussi une seconde union, celle d’Orsato Cavaragio et de la fille de chambre Nelly qui, à l’avis du señor, devait faire enrager Laura. Le digne gentleman ne se doutait pas une seconde que la correcte servante, sa chère complice comme il la nommait, n’avait jamais visé un autre but que celui que, modestement triomphante, elle atteignait en ce jour.

La veille enfin, Kozets et Tiennette, que la reconnaissance de Laura, se greffant sur les présents de Dodekhan, avait rendus riches, avaient prononcé le « oui » qui lie pour toujours.