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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

— Déjà ! murmurèrent les fiancés sur un ton impossible à rendre.

Leurs têtes se penchèrent en avant, dans l’attitude de l’attention.

Leur ami avait bien entendu.

Une clef avait été introduite avec précaution dans la serrure. Maintenant elle tournait doucement.

On eût cru que le visiteur voulait surprendre les prisonniers.

Un claquement léger, un glissement… la porte s’ouvrit.

D’un même mouvement, les captifs ouvrirent la bouche pour lancer un cri de surprise.

Un « chut ! » énergique arrêta la parole sur leurs lèvres.

Mistress Soda était debout dans l’encadrement de la porte, en robe de chambre, les pieds nus dans des babouches fort petites, le doigt appuyé sur la bouche, ainsi qu’une grassouillette statue du Silence.

Du reste, elle ne fut pas longtemps muette.

— Suivez-moi, dit-elle… pas de bruit.

À sa suite, les prisonniers se précipitèrent dans la courette, à l’extrémité de laquelle la porte, donnant sur la cour de la caserne, apparaissait légèrement entre-bâillée.

Déjà ils se dirigeaient de ce côté.

Arabella les arrêta.

— Où allez-vous ?

Ils montrèrent l’issue.

— Oui, continua la gentille femme. Vous déboucherez dans la cour. Et comment ferez-vous pour ouvrir le portail du quartier, pour passer devant le factionnaire sans qu’il vous arrête ?

Ils baissèrent la tête. Dans la première joie de la délivrance, ils avaient oublié les obstacles qui les séparaient de la ville, de la campagne.

— Je suis sûre, reprit mistress Soda, que vous ne voyez pas le moyen de quitter cette caserne à présent ?

— Nous l’avouons, chuchotèrent-ils en chœur.

— Eh bien, — l’agréable brunette montra les grands paniers ornés de lettres rouges et noires, que les captifs avaient remarqués en arrivant à la salle de police ; — eh bien, voici le chemin de la liberté.

Ils se récrièrent :

— Ces paniers ?

— Parfaitement, ces paniers. Regardez-les bien. L’ordinaire a passé un marché pour les légumes avec des fermiers des environs qui, chaque jour, se rendent aux halles de Nevada. Ces cultivateurs viennent tous les matins