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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

— Oui, monsieur Dodekhan.

— Je vais repartir, car je dois conduire à Benton-City le guerrier blanc dont le cœur a été ravi par la Perle de l’Ouest, alias Albert Prince.

— Et Laura ?

— Elle est gardée par la police des États-Unis.

— Elle ?

— Mais ne craignez rien, nous triompherons.

— Quand même.

— De votre côté, ne vous laissez pas surprendre.

— Pas de danger.

— Alors, au revoir, mademoiselle ; ne rapporterai-je pas un mot de vous à mon dévoué Kozets ?

Elle eut un petit frisson et sa voix trembla légèrement en murmurant :

— J’attendrai votre retour avec impatience.

Le jeune homme inclinant la tête, lança :

— Au revoir, mademoiselle.

Puis il s’éloigna, pour disparaître bientôt dans la plaine que la lune gouachait de taches éclatantes et de bandes obscures.

Quand le bruit de sa marche se fut éteint, la fille de Mariole se leva.

— Je commande à vingt Indiens, fit-elle d’un petit air décidé. Il s’agit à présent d’apprendre des autres ce que j’aurai à leur commander.

Sur ce, elle se mit en route.

Longeant la base de la gibbosité rocheuse, qui s’arrondit sur la plaine de Swift, elle se dirigea vers le Sud.

Un quart d’heure lui suffit pour atteindre une hutte de guetteur isolée au milieu de broussailles.

En y arrivant, elle siffla, comme elle l’avait fait naguère pour appeler les Indiens.

Un signal semblable lui répondit.

Puis un froufrou de jupes, des exclamations étouffées, et la fille de chambre Nelly émergea des buissons qui formaient un rond-point feuillu en avant de la « Guette ».

Les jeunes filles ne se perdirent point en vains compliments.

— Miss générale comtesse voudra-t-elle se glisser dans cette cahute ?

— Oui, si cela me permet d’entendre ce qui se dira aux environs.

La camériste montra le rond-point.

— Ceux que j’attends viendront ici.

— Alors, ma bonne Nelly, je n’hésite pas.