— Mais alors tu peux suivre sa piste ?
— La terre dit ses secrets à l’homme rouge.
— Eh bien ?
— Suis-moi.
Et gravement Flèche de Fer se mit en marche, désignant de distance en distance les empreintes des souliers ferrés.
Ainsi il atteignit le bois d’érables, le traversa.
Auprès de l’un des derniers arbres il s’arrêta encore.
— Ces mousses, fit-il avec emphase, m’apprennent qu’un cheval attendait là… Le ravisseur s’est mis en selle, tenant la Perle de l’Ouest dans ses bras. Il s’est dirigé vers l’Orient…
Mais à cent pas de là, la piste s’interrompait brusquement.
Le plateau rocheux sur lequel l’Indien s’était engagé, dans l’après-midi, commençait.
Plus de traces sur le roc, plus rien.
Et cependant Mariole, demeuré en arrière avec Tiennette, la pressait de questions.
— Tu restes bien calme, fifille.
— Les autres sont assez affolés sans que je m’en mêle.
— Possible !… Seulement ta tranquillité me fait pousser une idée.
— Voyons l’idée, papa.
— Tu savais ce qui arriverait, parbleu ! C’est même pour cela que tu as conseillé à Albert de ne faire ses aveux que ce soir.
— Non, mon petit papa, répliqua-t-elle avec un aplomb imperturbable.
— Alors, pourquoi ce soir ?
— Tout simplement parce qu’il suffit de réfléchir avant de faire une bêtise, pour éviter de la pousser à fond.
— Pourtant, tu as de l’affection pour cette petite Laura ?
— Beaucoup.
— Eh bien ! permets-moi de te dire que tu restes bien calme devant le malheur qui la frappe.
— Je reste calme en apparence. J’aurais beau agiter la langue et les bras, cela n’avancerait en rien la pauvre Laura.
À ce moment Albert, désespéré de l’insuccès des recherches de l’Indien, vint tomber presque dans les bras de Mariole. Les yeux pleins de larmes, il balbutia :
— Je veux tout dire à Topee, et lui demander de mourir s’il le faut pour sauver Laura.