— Oh ! alors… Que paie le gouvernement ?
— Quarante pour cent du prix de vente des cuivres enlevés. Nous avons le vendeur.
— Hein ! mais c’est quatre cents millions.
— À partager avec miss Nelly.
— Mettons deux cents.
— Vous pouvez les mettre.
— La fortune… honnêtement… en sauvant l’industrie de mon pays… Ah ! master Troll, excusez mon émotion, jamais je n’aurais cru que ma carrière se terminerait comme cela.
Et vraiment très troublé, sans doute par l’énoncé du chiffre fantastique mis à ses services, le voleur se laissa tomber sur un fauteuil.
Soudain, il se redressa avec un cri :
— Mais où rencontrerai-je votre Nelly ?
— À Broadwiew.
— Hein ?
— Elle descendra à cette station, afin de faire diverses emplettes pour ses maîtres, qu’elle rejoindra ensuite à Swift-Current. Notre train en route, vous causerez tout à l’aise.
— All right !
— Un mot encore : si vous découvriez que, tout en ruinant Topee, cette Nelly, une femme charmante, songe à se faire épouser par notre vendeur, n’ayez pas le mauvais goût de songer qu’elle fait la meilleure affaire.
Bring eut un geste indigné.
— Oh ! master Troll, pour qui me prenez-vous ? Quand on est, raisonnable avec moi, je suis le garçon le plus coulant du monde. Qu’aurais-je besoin d’ailleurs de ces fortunes démesurées auxquelles se complaisent certaines gens… Je paierai environ cent millions à mes aides… J’en aurai autant pour moi… cela me suffira, j’ai des goûts simples.
Puis, d’un ton insinuant :
— Et le vendeur, que miss Nelly compte acheter en mariage… quel est-il ?
— Le señor Orsato Cavaragio.
— By devil !
— Vous le connaissez aussi, Bring ?
— Oh ! master Troll, une bague en diamants trop large, qui ne tenait pas à son doigt… Je la ramasse… vingt-huit semaines d’ateliers de fer-blanc[1].
- ↑ Travail de prison qui consiste à transformer en copeaux les rognures industrielles de fer-blanc.