— Miss Arabella Luiton, la reine des conserves de Chicago ; deux bagues et un mouchoir de dentelle, dans la poche droite de mon Atzec.
— By devil ! grogna Topee, que l’on avait fait monter sur la table comme à un poste d’honneur, by devil ! il n’était pas convenu que je jouerais un rôle de pantin.
— Restez calme, master Ézéchiel, lui glissa tout bas son compagnon. Ce n’est rien de faire le pantin quand on ignore votre nom… Si vous vous fâchiez, tout le monde l’apprendrait, et ce serait ennuyeux ; pour le roi du cuivre.
La réflexion était juste. Le milliardaire le reconnut. Aussi renfonça-t-il sa mauvaise humeur ; mais ses gestes inconscients, l’expression hétéroclite de sa physionomie peinte en guerre, soulevaient de temps à autre une véritable tempête de rires.
La « restitution » s’acheva enfin.
Alors, de toutes parts, éclatèrent des applaudissements, puis le comte de Latour-Laroche, le sportsman bien connu, prit la parole au nom de tous :
— Nous désirons féliciter l’adroit amateur dont l’habileté nous a stupéfiés. Nous le supplions de se faire connaître.
Un tonnerre de bravos appuya la motion.
Le magicien s’inclina.
— Il se rendrait avec joie à vos désirs, mesdames et messieurs, mais il n’existe pas.
Des rires soulignèrent l’affirmation :
— Charmant !
— Il n’existe pas, mais il enlève ce qui existe.
De la main l’inconnu réclama le silence.
— Vous avez tort de rire. Son vêtement, ne recouvre qu’une apparence, et la preuve est qu’il disparaît sous vos yeux.
D’un mouvement si rapide que nul ne put s’y opposer, l’étrange personnage souleva la tenture à laquelle il s’appuyait… Un bruit de porte se refermant et la tenture retomba.
Le magicien avait disparu.
Il y eut un murmure de déception, puis des clameurs.
— On ne s’échappe pas ainsi. Cela est inconvenant, inacceptable.
Des jeunes gens se précipitèrent, enlevèrent la tenture, démasquant ainsi une petite porte découpée à même la cloison.
Topee avait vivement sauté à bas de la table et, prenant sa fille par la main, il l’entraînait vers le vestiaire ; pressé maintenant de quitter l’ambas-