Dodekhan inclina la tête, et pointant son regard dans celui de son interlocuteur :
— Oui.
— Diable ! Diable !
Et plus bas, l’agent acheva :
— Vous voulez la venger ?
À sa grande surprise, le jeune homme répliqua nettement :
— Non !
— Que voulez-vous donc alors ?
je vais vous l’apprendre, mon brave monsieur Kozets. Aussi bien faut-il que je vous convainque que vous pouvez, en toute sécurité, vous associer à moi.
Puis lentement, comme pour donner à son auditeur le temps de bien peser ses arguments :
— Lorsque la « Française » fut arrêtée à Moscou, le proscrit Dilevnor laissa un testament en sa faveur.
— Vous savez cela.
— Ne vous étonnez plus, je vous en prie, vous finiriez par me rendre fat.
Mais changeant de ton :
— Cette fortune léguée à elle, qui, après elle, devait revenir à son fils, à son mari, M. Prince…
— Je tombe des nues ; j’ignorais ces détails.
— Alors, je vous les révèle, cette fortune fut confisquée par le gouvernement comme appartenant à un sujet révolté, et fut remise, à titre d’indemnité, à un Anglais du nom de Topee, qu’une bombe nihiliste avait blessé par hasard.
Kozets eut un sourire, son visage s’épanouit.
— J’y suis, vous allez rendre cette fortune aux Prince, et pour cela l’enlever à Topee.
— La rendre aux Prince, oui… ; mais sans l’enlever à Topee.
Devant cette affirmation, l’agent demeura muet. Ses yeux exprimèrent clairement qu’il ne voyait pas le moyen de donner à l’un sans prendre à l’autre.
— Or, continua Dodekhan, je suis assez riche pour faire présent aux Prince de ce dont ils ont été lésés… ; seulement je suis tenu par un vœu sacré, peut-être je l’interprète d’étroite façon ; mais quand on obéit à un mort, être strict me paraît à peine suffisant. Je ne dois causer de dommage à per-