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Dans la salle, que les jalousies abaissées maintenaient dans une pénombre bleutée, trois hommes étaient assis autour d’une table, sur laquelle se voyaient un carafon de whisky et des verres.

L’un était Joë Sullivan.

Les deux autres portaient les titres et noms de capitaine Hodge, commandant le fort Davis, et de révérend Forster, pasteur et administrateur du Texas.

Le commandant apparaissait comme un de ces hommes incolores dont on ne dit rien. Son visage éteint, ses cheveux blond fade, ses yeux clignotants de myope dénotaient la faiblesse, le défaut d’initiative.

Tout autre se montrait le pasteur Forster. Grand, maigre, sec, la face ascétique, des yeux noirs ardents, profondément enfoncés sous l’arcade sourcilière, le nez carrément coupé, le front têtu, tout en lui indiquait l’être volontaire jusqu’à la cruauté.

Ministre du culte méthodiste, intrigant et habile, Forster avait réussi à se faire nommer gouverneur du Texas. De suite, en cette immense province, on avait senti sa main. Chefs de forts-frontière, magistrats municipaux des agglomérations clairsemées sur la surface du territoire, juges, nommés avec l’assentiment de la supreme court (cour suprême), doctors-professors, teachers, learning-schoolers, primars, etc., tous avaient reconnu chez le pasteur une volonté à laquelle on ne résistait pas.

Ce méthodiste habile semblait avoir repris les procédés de gouvernement des cardinaux politiques Richelieu et Mazarin.

Or, cet homme étrange était arrivé la veille au soir au fort Davis, une heure après Sullivan qui ramenait Massiliague prisonnier et les soldats avec lesquels il avait accompli son hardi coup de main.

Joë contait justement les détails de l’expédition au capitaine Hodge. Il exultait, déclarant qu’il allait conduire son captif à Washington, lorsque l’on annonça le révérend Forster.

Celui-ci, introduit aussitôt, avait exhibé un ordre du Conseil fédéral, lui octroyant toute autorité en ce qui concernait les mesures à prendre relativement à Scipion Massiliague, Dolorès Pacheco, et généralement tout individu se rattachant de façon quelconque à l’affaire de la Confédération du Sud-Américain.