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propriétaire avait rang de chef. De fait, l’indigène commandait aux Indios Mayos, dont Dolorès avait fait son escorte.

L’homme rouge s’était arrêté à trois pas de cette dernière. Immobile, il semblait attendre qu’elle lui adressât la parole. Mais ses yeux noirs, sans cesse en mouvement, scrutaient l’expression des visages.

— Le Puma (lion d’Amérique), dit la Mestiza, donnant à l’Indien le nom que sa légèreté lui avait mérité dans sa tribu, le Puma est un chef renommé parmi les Mayos dont les territoires de chasse sont baignés par le grand golfe de Californie.

Un sourire satisfait éclaira la face bronzée du Mayo.

— Il m’est dévoué, continua la jeune fille.

— Je suis à toi, doña Mestiza, comme le pulque est à l’aloès.

— Je le sais. Aussi est-ce à toi, chef, que je m’adresse pour retrouver l’homme blanc qui avait voué sa vie à la recherche du Gorgerin sacré, derrière lequel tous les Sud-Américains marcheront un jour.

Le Puma inclina la tête pour exprimer qu’il avait compris.

— Ce matin, un personnage inconnu est venu frapper à sa fenêtre, le señor Massiliague l’a suivi. Où est-il maintenant ?

— Les Mayos le sauront, doña.

Et pivotant sur la pointe des pieds, le chef quitta la salle. Tous se précipitèrent sur ses traces.

Dehors, le Puma modula la plainte de l’alligator à l’affût.

— Il ordonne à ses compagnons de s’armer et de le joindre, expliqua Dolorès.

En effet, de plusieurs points différents des cris semblables s’élevèrent. Le Mayo hocha la tête, puis il se dirigea vers la fenêtre qui s’ouvrait sur la pièce où Massiliague avait passé la nuit. Une bordure de pierre cernait le pied de la maison, formant un chemin solide bordé par une pelouse.

Le Peau-Rouge s’agenouilla sur les pavés et considéra les herbes voisines.

Ohao ![1] fit-il doucement.

  1. Ohao ! (Bon !) Ce mot correspond au Ochs ! des Indiens du Nord.