Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne m’avaient affirmé que vous êtes Français comme moi.

Fabian Rosales tendit les mains au jeune homme.

— Français, vous êtes doublement mon hôte.

— Merci, señor.

Et se présentant :

— Cigale est mon nom. Des circonstances qu’il serait trop long de vous conter par le menu, m’ont fait prendre part à la dernière campagne des armées européennes en Chine. La guerre finie, un grand savant qui est en même temps un grand cœur, le prince Rundjee[1], Hindou d’origine, engagé par haine de l’Angleterre au service de la Russie, a manifesté l’intention de séjourner quelque temps dans le Nord du Céleste Empire avec sa femme, la princesse Na Indra et la sœur de celle-ci, Anoor qui est ma fiancée.

— Votre fiancée ! s’exclama l’hacendado. Et vous l’avez quittée ?

— Parce que j’ai vingt ans, señor, que je suis Français et que je me rends à Paris pour y remplir le premier des devoirs : accomplir mon service militaire.

Rosales salua.

— Comme j’étais venu au pays jaune par la mer Rouge et l’océan Indien, j’ai voulu retourner en France par le Pacifique, les États-Unis, la Nouvelle-Orléans et l’Atlantique ; histoire d’achever le tour du monde. Le hasard m’a forcé à un détour par le Mexique et je l’en remercie, puisqu’il m’a ainsi mis en votre présence.

Il y avait une aisance, une distinction réelles dans la façon dont fut débité ce petit discours. Quelques inflexions grasseyées, retour offensif de l’accent parisien, s’étaient seules glissées parmi les phrases correctes, leur donnant une sorte de piment, de saveur, que connaissent tous ceux qui ont entendu le langage des citoyens de la Ville Lumière.

L’hacendado serra les mains de son hôte avec effusion :

— Vous et vos compagnons ramenez la joie dans ma maison. Je m’inquiétais du retard d’un compatriote que j’attends, un Marseillais, el señor Massiliague.

  1. Voir les volumes : le Docteur Mystère ; Cigale, en Chine.