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Bientôt les cavaliers se trouvèrent sous les ombrages du parc, fraction de forêt équatoriale, dans les taillis de laquelle la hache avait défriché des avenues, et enfin ils mirent pied à terre devant le bâtiment principal de l’hacienda.

Ce bâtiment, vaste quadrilatère surmonté d’une terrasse, occupait l’une des extrémités d’un véritable village, formé par les cases du personnel, peones, vaqueros, pulqueros ou caballineros. Cinq ou six cents personnes s’étaient groupées en ce point. Les autres employés de l’exploitation se répartissaient en une dizaine d’agglomérations éparses sur la propriété.

Fabian traversa le large vestibule et pénétra dans la salle spacieuse où il pouvait réunir sans gêne trois cents personnes à dîner.

Près de l’angle d’une table, trois hommes étaient assis, humant, à l’aide de chalumeaux, une boisson fraîche que, suivant l’usage mexicain, les serviteurs leur avaient offerte dès leur arrivée.

— Les hôtes sont les bienvenus, dit gravement l’hacendado, ils sont la bénédiction du ciel. Ma demeure est honorée de vous recevoir.

Les visiteurs se levèrent aussitôt.

Deux d’entre eux étaient des géants, et si leur costume n’avait pas suffi à indiquer leur profession, leurs carabines à garnitures de cuivre, déposées dans un coin, eussent décelé des chasseurs des prairies.

Le troisième, de taille moyenne, mince, l’œil rieur et intelligent, la bouche un peu grande, surmontée d’une moustache châtaine, paraissait à peine vingt ans.

Il portait un complet de toile, et dans sa ceinture de cuir étaient passés deux revolvers.

Ce fut lui qui répondit aux hospitalières paroles de l’hacendado :

— Señor, le Texas est en pleine ébullition. Me rendant de San Francisco à la Nouvelle-Orléans, j’ai dû m’arrêter au fort Davis, les voies ferrées étant coupées sur plusieurs centaines de kilomètres, entre Fort-Bliss et Dallas, d’une part, puis sur le parcours de Fort-Bliss à San Antonio. Désireux d’atteindre New-Orléans et de m’y embarquer, j’ai fait marché avec les dignes chasseurs qui m’accompagnent. Ils me guident vers le Sud-Est, vers Piedras Negras, où je rejoindrai la ligne mexicaine de Mapimi à San Antonio. Je leur aurais cédé la parole, d’ailleurs, s’ils