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une bougie ; mais, en somme, nul ne doit souhaiter, se présenter devant la mort avant l’instant fixé par le destin. C’est pourquoi il faut être reconnaissant envers qui ne brise pas le fil de vos jours.

— Alors, vous ne marcherez plus contre ce Massiliague ?

— Pardonnez-moi, j’ai signé un papier, et jusqu’à expiration de l’année, c’est-à-dire pendant huit mois encore, je vous dois obéissance. Il m’est impossible désormais de songer à immoler le Français ; mais si vous vous contentiez de le prendre, de le faire enfermer dans l’un des forts de la frontière américaine, jusqu’au jour où le Gorgerin des Incas-Atzecs serait en votre possession, je serais tout à vous, heureux, de concilier ainsi les devoirs différents qui m’ont été créés par les événements.

Un éclair moqueur passa dans les yeux de Joë.

— Et vous vous offririez à la Mestiza pour chercher avec elle le joyau indien ?

Un nuage couvrit le front du Canadien ; cependant il répondit d’une voix ferme :

— Oui, monsieur Sullivan, car notre acte vous donne le droit d’exiger cela de moi, et rien ne peut me délier de ma promesse.

— Eh bien je n’en demande pas davantage, mon brave Francis. Demain, nous quitterons Aguascalientes.

— À votre volonté.

— Le chemin de fer nous conduira à Mapimi. Là, quittant la ligne de Mexico-San-Francisco, nous bifurquerons sur celle de Mapimi-Nouvelle-Orléans que nous quitterons à la frontière mexicaine.

— À Fuentès ?

— Ou aux environs… De la sorte, nous parviendrons à l’hacienda de San Vicente avant notre ridicule Marseillais.

Le Canadien inclina ta tête en signe d’assentiment et, pensif, suivit celui qui, de par sa signature, librement apposée au bas d’un papier, était, suivant la loyale appréciation des chasseurs, son maître pour une année, dont un tiers écoulé à peine.