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pour la seconde fois…, mais tu vas me suivre à la gare, toi et tes compagnons, vous prendrez le train avec moi… À la première station, nous descendons… et, troun de l’air, on se bat jusqu’à extinction… Ha ! Ha ! ha ! ha !

— Mais, hasarda le Yankee…

— Pas de mais, ni de si, ni de car, je te paie ta place en première, en sleeping, en ce que tu voudras… Ha ! ha ! ha ! Accepte ou je te livre à ces señores qui désirent te mettre en capilotade.

— Soit, consentit son interlocuteur avec un mauvais regard.

Accentuant encore son hilarité, Scipion s’adressa aux Canadiens :

— Et vous deusses, c’est convenu aussi ?

Les chasseurs restaient silencieux, lis s’entre-regardaient avec une étrange indécision.

— Eh bien ? interrogea nerveusement Massiliague.

— Nous vous accompagnerons, répliqua vivement Francis.

« Nous assisterons en qualité de témoins à votre combat, mais nous ne serons pas de vos adversaires.

— Vé… et pourquoi ?… Quand il y en a pour un, il y en a pour trois.

Gairon hocha gravement la tête :

— Nous ne donnerons pas suite à nos projets de duel, parce que nous avons eu tort de vous provoquer, et que Pierre et moi, nous vous prions de recevoir nos excuses.

— Oui, nos excuses, répéta l’engagé, d’une voix étranglée.

Sullivan avait eu un brusque mouvement Francis le contint du geste :

— Señor Massiliague, continua-t-il, nous sommes certains que vous êtes brave, que vous n’avez prévenu personne de notre promenade au Castillo de Chapultepec… Dès lors, pouvant nous laisser pendre, vous nous avez sauvé la vie… L’honneur nous obligeait à vous provoquer… maintenant l’honneur nous oblige à considérer votre existence comme sacrée. Jamais plus, nos armes ne vous menaceront.

Le courroux du Marseillais tomba aussitôt :

— Vé, s’écria-t-il. Voilà parler en brave homme. Touchez-moi la main, s’il vous plaît.

Et comme le chasseur hésitait :